De Marx… à Jésus Christ !
De la cellule communiste « Ho Chi Min » à la prêtrise au sein de l’Opus Dei, il y a un fossé que Fabio a franchi, confiant dans le Seigneur qui guidait chacun de ses pas.
De son village natal du sud de l’Italie, mon père était convaincu que le communisme réglerait le problème de la pauvreté. Ne trouvant pas de travail, il émigra en France où il fut employé comme maçon. Ma mère le rejoignit peu après.
À quinze ans, j’avais lu Le Manifeste et une partie du Capital de Marx et je me suis inscrit à la cellule “Ho Chi Min” des jeunesses communistes. J’étais un membre très actif : nous vendions L’Humanité, distribuions des tracts de propagande, recueillions des signatures pour le soutien du parti. Le discours sur la lutte des classes et l’idée d’une répartition des biens m’intéressaient, mais je résistais à l’idée que la révolution justifiait la violence. Des nouvelles nous parvenaient sur les goulags qui ne me plaisaient pas. Quant à l’Église, il me semblait que son message était bon, mais qu’elle ne l’accomplissait pas. Je m’en méfiais même si, à ma manière, je croyais en Dieu. Lorsque ma mère est décédée d’un cancer, ma sœur Anna s’est exclamée que jamais elle ne pourrait croire en un Dieu qui traitait ainsi les personnes. Je lui ai dit que, pour ma part, je continuais à croire.
À 19 ans, je suis venu à Paris étudier la biologie et préparer un doctorat en physiopathologie humaine. Je rencontrai Christophe, un catholique pratiquant. Ensemble nous parlions de tout et notamment de la foi. Connaissant mes idées, il n’insistait pas et encourageait plutôt ceux qui se disaient chrétiens. Christophe était surnuméraire de l’Opus Dei (1). Un jour que j’avais raté mon train, il m’invita à passer la nuit chez lui tout en me prévenant que le lendemain, il se rendrait tôt à la messe. Je lui proposai de l’accompagner. Chez lui, je lus une brochure sur “Pourquoi et comment se confesser ?”, et lui fis part de mon désir de me confesser. Ravi, il me présenta un prêtre. À partir de ce jour, je reçus ce sacrement tous les quinze jours.
Le communisme sacrifiait la dignité de la personne pour le bien de la collectivité. Nous nous souciions de l’expansion du communisme, et nous voulions que les gens appuient le parti. Dans le christianisme, je découvrais l’attention à chaque personne. Dieu m’encourageait à m’intéresser aux autres. Je n’abandonnais pas pour autant ma préoccupation pour la justice sociale et la lutte contre la pauvreté.
Christophe m’apprit à réciter le chapelet et, comme j’étais fiancé, me proposa de demander l’admission à l’Opus Dei comme surnuméraire. Plus tard, je compris que Dieu me demandait ma vie entière et je fus admis comme numéraire (2).
J’ai été ordonné diacre le 25 novembre 2006 (à 37 ans) et prêtre le 26 mai 2007 par Mgr Echevarria, évêque de l’Opus Dei. Dieu m’invite à servir ainsi l’Église. Le cœur d’un prêtre doit être comme le cœur de celui qu’il représente : ouvert à tous. J’espère pouvoir faire toucher du doigt aux personnes que mon ministère sacerdotal mettra sur ma route la réalité de la miséricorde de Dieu, comme j’ai pu moi-même en faire l’expérience.
(1) Laïc marié ou non, ils représentent 80 % des membres de l’Opus Dei. (2) Laïc, homme ou femme, qui s’engage au célibat apostolique. Parmi eux, certains sont ordonnés prêtres et incardinés dans la prélature.
Source : témoignage paru dans Il est vivant! le 26 juin 2008