Les supérieurs font-il passer des entretiens sur la vie affective ?
Dans cette saison 2 d’Ainsi soient-ils, le nouveau supérieur, très souffrant, abuse de son autorité pour questionner – un peu comme dans Inquisitio – les pauvres séminaristes en proie aux pires difficultés. Il ne s’agit pas là de théologie, ni d’exégèse, mais de sexualité – comme toujours dans cette série. Il leur est notamment demandé, sans autre forme de procès et façon très abrupte – pour ne pas dire violente – s’ils ont déjà eu des relations sexuelles (un peu comme si c’était un crime passible du bûcher) : une vraie chasse aux sorcières, qui, ici, sont homosexuelles, et qui lui donne manifestement tous les droits.
Ont-ils le droit d’aller jusque là ? Oui, si on en croit un des séminaristes qui tire d’Internet un texte du Vatican sur la question de l’ordination pour les personnes ayant des tendances homosexuelles. Si le texte est réel, la méthode employée par ces prêtres, elle, n’est pas en accord avec ce que demande le Vatican ! Car, s’il faut s’en référer aux textes de l’Eglise, celle-ci stipule dans son droit – dit « canonique » – qu’il est impératif de distinguer et séparer for interne et for externe. Cette notion est justement la plus détestée des gourous ! Voyons pourquoi.
For interne, for externe : la notion la plus détestée des gourous
Le fort interne, rappelons-le, concerne notre vie privée, la plus « intérieure », celle que l’on partage à un accompagnateur spirituel quand il s’agit de notre relation à Dieu, sous le sceau de la confidence et devant rester en « for interne », c’est à dire ne pouvant être communiqué à d’autres sans notre accord.
La confession, notamment, qui consiste à dire, pour en être soulagé, tout acte, parole, qui nous éloigne de l’amour de Dieu (ce qu’on appelle plus prosaïquement le pêché), est donc du ressort exclusif du for interne. Ainsi, nul, dans l’Eglise catholique, ne peut obliger quelqu’un à reconnaître avoir eu des relations intimes avec une autre personne.
Au for externe, dans la vie d’une abbaye par exemple – mais c’est valable pour toute communauté religieuse, y compris les séminaires – celui qui a autorité au for externe, dans l’organisation de la vie commune, n’aura pas autorité au for interne dans la vie spirituelle personnelle (entretiens ou confessions). Un autre moine en sera responsable, et il devra garder le plus grand secret, la confidentialité de ce qui relève du spirituel. Il ne devra jamais livrer le contenu des échanges, afin de préserver la plus entière confiance et la plus entière liberté possibles.
Imaginons que cette demande pourtant très ancienne de l’Eglise ne soit pas respectée : changeons de milieu et allons chez des religieuses dans un couvent de contemplatives. Une mère supérieure connaissant le détail au for interne et au for externe de la vie d’une novice, pourra interpréter à sa guise ce qu’elle verra au for externe (le travail de la religieuse, par exemple) en fonction d’une confidence au for interne… et commettre ainsi de graves erreurs de jugement. Sans compter que cette supérieure aura alors tout pouvoir sur la personne, laquelle se croira jugée par une décision à cause de ses confidences. D’où la demande de l’Eglise de ne pas permettre un tel pouvoir concentré en une personne, pour éviter tout mélange des genres.
Pour ce qui est d’accepter quelqu’un au sacerdoce, le for interne et le for externe seront toujours répartis sur deux personnes ne pouvant mettre en commun que le résultat final d’une décision, sans que jamais le for interne ne soit divulgué. Au Conseil d’un séminaire ou d’une communauté, qui prend les décisions (sacerdoce, entrée dans la communauté, décisions de vie et de mission, etc.), le directeur spirituel sort lorsqu’on parle de celui qu’il accompagne et a interdiction de dévoiler quoi que ce soit de l’accompagnement spirituel.
Ce respect reste la meilleure protection qui soit contre les risques de dépendances affectives vis-à-vis du supérieur, dépendances possibles d’un côté, mainmise affective possible aussi de l’autre. Autre protection prévue par l’Eglise, le for externe est remis à la bienveillance et l’expérience de plusieurs personnes, ce qui évite qu’une personne ne soit écartée pour cause d’incompatibilité de caractère.
Donc pour, résumer, un séminaire qui propose un accompagnement spirituel (confession et direction spirituelle), veillent toujours à ce que ceux qui exercent cet accompagnement ne soient pas dans le gouvernement : direction spirituelle et autorité de gouvernement doivent être séparées. Il en est bien évidemment de même pour tout suivi psychologique.
Le non-respect de ces recommandations du code de l’Eglise seraient grave : cela signifierait que la communauté (ou le séminaire) connaît des dérives sectaires, voire qu’elle devienne une secte. Sur ce point, la saison 2 d’Ainsi soient-ils pèche encore par manque de réalisme, car si les directeurs de séminaires étaient aujourd’hui des gourous, nous le saurions !
comment devenir bonne soeur apres une confirmation?y a t il desetudes a faire? des retraites? amicalement.
excellente question! savez-vous déjà si vous voulez devenir apostolique ou contemplative ?