Ainsi soient-ils : La Croix en perd son latin !
Que se passe-t-il à La Croix ? Des lecteurs s’étonnent ici ou là de potentielles divergences de vues sur la série Ainsi soient-ils, au sein même de la rédaction. Et après tout, @LB2S, journaliste anonyme au service religion de La Croix, n’a-t-il pas plusieurs fois interpellé @sebseminariste sur Twitter pour ses articles paraît-il non-convenablement-sourcés ? Notre enquête.
- Pour la saison 1, en octobre 2012, Bruno Bouvet, dans La Croix, écrivait cette fort juste critique, que nous avions reprise ici :
« En dépit de ses qualités artistiques, la série accumule les outrances et oppose systématiquement la générosité des jeunes hommes à la rigidité d’une institution sur le déclin. Jamais ou presque le soleil ne perce les murs du séminaire des capucins. » (lire la suite) Pensez-vous que cela ait changé en saison 3 ?
- Pour la saison 2, le même Bruno Bouvet écrivait une toute aussi juste critique, que nous avions également reprise ici :
« Les scénaristes semblent avoir trouvé un plaisir certain à dépeindre de nouveau, et de manière tout aussi caricaturale qu’il y a deux ans, une hiérarchie catholique aux abois, composée d’êtres ambitieux, vils et calculateurs. »
On pouvait cependant regretter cette pub avec une Sainte Vierge maculée de sang en pleine page du quotidien !
- Pour la saison 3, Marie-Clémence Gaunand rédigeait le 9 septembre pour La Croix cet article très enthousiaste (à partir d’un communiqué de presse ?) avec ce magnifique inter-titre citant les auteurs de la série :
« ON A VÉCU QUELQUE CHOSE QUI EST RARE » (vous nous étonnez !)
- Puis, le 2 octobre dernier, Bruno Bouvet écrivait ce nouvel article, plus ajusté :
« Disons-le brutalement : la réalisation comme l’écriture des dialogues donnent le sentiment que leurs auteurs, dont on avait salué à juste titre le talent dans les deux domaines, ont eu du mal à négocier le virage. C’est particulièrement patent dans les deux premiers épisodes qui souffrent d’un défaut de lenteur et d’un manque de justesse dans les situations. »
- Enfin, hier 12 octobre 2015, La Croix réitère l’expérience avec un article de Frédéric Mounier cette fois mi-figue, mi raisin (web et papier), intitulé « Ainsi soit l’Eglise » et dont nous reprenons ici les extraits les plus étonnants :
Alors ici, on sourit un peu lors que La Croix écrit noir sur blanc « cette série, autrefois contestée » : si vieille que ça, la série ? (- comme si, aussi, taper « Ainsi soient-ils » dans Google ne donnait aucun résultat 😉 ). On rit moins lorsque Frédéric Mounier évoque « la récente affaire Charamsa, au cœur du Vatican » qui nous montre « que les frasques du jeune prêtre homosexuel ne sont pas uniques. » Comme si l’existence de prêtres homosexuels justifiait que 2/5 des candidats au sacerdoce le soient dans la série ! On s’amuse encore lorsqu’il écrit : « les auteurs se sont gardé de l’accumulation des clichés et des poncifs anciens », comme si, par exemple, la prière de Charles de Foucault comme déclaration d’amour d’une religieuse à un prêtre n’était qu’une anecdote en saison 3 (une petite visite de notre rubrique « Questions et débats » s’impose). Enfin, nous décernons à M. Frédéric Mounier notre palme de la plus drôle des appréciations journalistiques aux Press Awards 2015 pour cette justification grotesque : « alors que désormais de moins en moins de Français ont un contact direct avec un prêtre, cette série a le mérite de décrire justement ce qu’est l’Église en France aujourd’hui. » Car non, Ainsi n’est pas l’Eglise, et elle ne donne pas envie, c’est le moins qu’on puisse dire.
Mais M. Mounier a-t-il seulement vu la série dans son intégralité ? De quoi, en tout cas, désorienter les lecteurs ! Affaire à suivre…
Est-ce si étonnant que des articles écrits par des journalistes différents soient… différents ? Un journal a une ligne éditoriale, certes, mais cela n’en fait pas une doctrine totalitaire.
De plus, les articles sont parus dans des formats différents et dans des rubriques différentes (Deux papiers longs en Religion et en Culture pour B. Bouvet ; une courte chronique pour F. Mounier en fin de journal).
Tout cela est donc difficilement comparable.
Bonjour et merci de votre commentaire ! Reconnaissez que c’est quand même assez étonnant qu’une série puisse raconter tout et n’importe quoi sur l’Eglise, et qu’on lui fasse quelques éloges appuyés dans La Croix, ici ou là. Le journal La Croix pourrait-il se permettre, lui, de dire n’importe quoi ? Ajoutons que le magazine Pèlerin, du même groupe que La Croix (Bayard) donne la note maximale à la série, avec 3 « P » : on en reste pantois !…