Jean-Pierre Monnier, un prêtre en prison
Jean-Pierre Monnier, Salésien, assure actuellement la célébration de la messe à la prison de la Santé. Retour sur un itinéraire en zigzags tout… divins !
Je suis né avant la guerre, à Rouen, dans une famille chrétienne de petits commerçants. Très tôt, je voulais être enfant de chœur comme mon grand frère. Mais j’allais à l’école catholique et, chaque dimanche, je devais m’y rendre pour la messe dite de communion puis la grand-messe chantée. Pendant douze ans, mon curé n’a jamais obtenu que j’en sois dispensé pour pouvoir servir à la paroisse. Restaient les vacances… Alors que j’avais une douzaine d’années, ma mère lança à la cantonade qu’elle aimerait avoir un fils prêtre. Intérieurement, en bon normand, j’ai répondu : “P’tèt’ ben qu’oui…” Mais c’est pendant mes études supérieures à Caen que la question m’est revenue, après un pèlerinage d’étudiants à Chartres. Je suis entré chez les Salésiens où j’ai suivi le cycle de formation. Puis, en mai 68, tout a explosé : grève au séminaire, départ de professeurs et de copains, théologie en miettes, etc.
L’après 68
Je suis d’abord nommé près de Lille, où dynamique de groupe et créativité débridée règnent dans la liturgie et la catéchèse… En 1973, un ami prêtre me parle du Renouveau. Un petit groupe de prière se forme alors à Lille. Un “commando de parisiens charismatiques” vient pour une soirée d’effusion de l’Esprit… La formation que je reçois me permet alors de retrouver justesse et mesure, équilibre entre action et contemplation. En 1989, diverses responsabilités salésiennes m’attendent à Paris : centre de loisirs, médias salésiens et régionaux, puis site Internet et revues de la congrégation. En même temps, je participe aux groupes de prière et aux activités de l’Emmanuel, dont le groupe Magnificat (les artistes). Tenir les deux n’est pas toujours facile, ni compris.
Carnet de Santé
Mes supérieurs m’ont récemment proposé de célébrer les messes à la prison de la Santé. J’ai appris à connaître les détenus. Il arrive souvent que l’un d’entre eux demande que l’on prie pour lui avant son jugement. La vie dans l’Esprit Saint redécouverte il y a plus de 30 ans m’est alors d’un grand secours ! Quand on est seul à se préparer au baptême, entre trois musulmans actifs, dans une cellule de 9 m2, 22 heures/24, c’est difficile de tenir. Pourtant, je l’ai constaté, cela peut donner un baptisé rayonnant le jour de Pâques ! Certains détenus osent porter leur chapelet bien visible autour du cou et savent répondre de leur foi. Beaucoup n’étant pas Français, on tente de leur procurer les textes de la liturgie dans leur langue, y compris en chinois ! Le moindre geste d’amitié les touche. Partager le bouquet de fleurs qui a orné l’autel et voir chacun repartir avec deux petites pâquerettes, cela ne laisse pas indifférent. Les orthodoxes échoués des pays de l’Est vénèrent, quant à eux, les belles icônes du Christ et de Marie.
La santé spirituelle n’a rien à voir avec le casier judiciaire. Le bon larron n’est pas une légende, il nous précède encore.
Source : Il est vivant !, n. 235, février 2007
Superbe parcours et philosophie. La santé spirituelle n’a rien à voir avec le casier judiciaire. Tout est dit.