Le pari de Ramzi, séminariste
Ramzi, séminariste de 41 ans, nous livre son témoignage : « Durant une longue période, je me suis posé la question : ‘Quel est le but de la vie’. Je suis heureux de pouvoir y répondre aujourd’hui. »
Histoire de ma conversion
Jeune, je cherchais le bonheur dans les sensations fortes : snowboard, parapente, parachute, saut à l’élastique… Puis, comme tout bon Libanais, il fallait chercher à prouver que j’étais capable de ‘réussir’, c’est pourquoi j’ai fait des études d’ingénieur en télécoms, puis j’ai travaillé dur pour avoir une position importante et pour devenir riche. Je cherchais à répondre à tout ce que la société préconisait pour être heureux : avoir un bon poste, un bon salaire, beaucoup d’amis et de relations, consommer, voyager… À 30 ans, et après trois ans à Dubaï (UAE), je trouvais ma vie géniale. Puis, muté en France, je suis arrivé à Marseille. Invité à un week-end de Kayak dans le Verdon, j’ai eu l’occasion de rencontrer un groupe de jeunes catholiques très varié (riches, pauvres, éduqués ou non…) avec un seul point commun : la foi qui les unissait et dont ressortait un amour pour le prochain et une joie que je n’avais rencontré nulle part ailleurs. Cela m’a intrigué et a ouvert la porte à des discussions très enrichissantes à propos de la religion. Surtout le témoignage de quelques personnes qui prétendaient avoir rencontré Dieu. Cela me paraissait inconcevable, fou… Rencontrer Dieu ? A 31 ans, je n’avais jamais entendu qu’il était possible de vraiment rencontrer Dieu, pour moi Dieu était quelqu’un d’abstrait, loin, qu’il fallait prier de temps en temps, c’est tout !
A mon retour à Marseille, une phrase qui m’a été dite durant ce week-end par un prêtre, m’est restée dans l’esprit : ‘Dieu a dit : Si tu me cherches de tout ton cœur tu me trouves !’ J’ai médité cette phrase et j’ai fait comme un pari a moi-même: « Je ne peux prouver l’inexistence de Dieu. Mais s’il existe et que je ne le cherche pas, le jour ou je le rencontrerais, je me sentirais mal à l’aise! Tandis que, si je le cherche, et que je ne le trouve pas, je pourrai le regarder dans les yeux et lui dire : Je t’ai cherché, mais je ne t’ai pas trouvé ! » J’ai donc repris contact avec ce prêtre en précisant que: « je souhaitais chercher Dieu mais à 2 conditions : je ne peux allouer trop de temps à cette tache (ayant de fortes responsabilités professionnelles) et ne souhaitais pas changer ma vie (que je trouvais merveilleuse). Il m’a rassuré et m’a reconfirmé, que Dieu souhaitait simplement me montrer son amour et non changer ma vie. Avec son aide, et suite à de longues discussions et négociations, j’ai pris certaines décisions : prier dix minutes par jour (dans le silence), lire la Bible, essayer d’aller à la messe une fois par semaine et me rapprocher régulièrement du sacrement de réconciliation (décision qui a été très dure à accepter, surtout n’étant pas vraiment croyant). Ma prière se résumait à: « Dieu, si tu existes, sache que je te cherche de tout mon cœur et que je souhaite te rencontrer. »
Neuf mois plus tard, j’ai été à une retraite à Paray-le-Monial, en Bourgogne, avec les mêmes jeunes qui m’avaient invité au kayak. Et là, devant le Saint-Sacrement exposé, j’ai fait l’expérience de l’amour de Dieu. Une expérience magnifique, tellement forte que je pleurais de joie ! A ce moment j’ai compris nombreuses choses, je suis tombé amoureux de l’Eglise, j’ai été guéri de plusieurs blessures, et surtout je n’avais plus de doute : Dieu existe et Il m’aime gratuitement et comme je suis. Suite à cette expérience, j’ai vécu une période de paix intérieure et de grande joie…
Rapidement le monde a repris le dessus et cette période de bonheur a été suivie de plusieurs années de combats : de longs moments de doute et de remise en question de mes convictions jusqu’à même penser que cette expérience n’était que d’ordre psychologique. C’est pourquoi, et après trois années d’expatriation professionnelle à Madrid, j’ai pris la décision de prendre une année sabbatique et rejoindre une école catholique d’évangélisation à Rome pour me former et comprendre. Cela m’a donné l’occasion de rencontrer plusieurs personnes qui avaient fait aussi cette expérience personnelle de l’amour de Dieu, et qui m’ont aidé à mieux comprendre les différentes étapes de cette relation avec le Christ qui n’est en fait qu’une relation d’amour avec ses différents états : passion, bonheur, déceptions, difficultés… et les combats qui en résultent et qui nous font grandir dans la découverte de soi-même et la vrai connaissance de l’autre, tel qu’il est et non tel que nous l’imaginions.
Approfondissement et cheminement vers la vocation
A mon retour au sein de mon ancienne entreprise, j’ai rejoins le service de ventes solutions et pris la responsabilité des grands comptes Europe. Cela m’a permis de vivre concrètement l’expérience d’être ‘témoin’ du Christ et proclamer la Bonne nouvelle au quotidien dans un environnement non-croyant et parfois hostile (la pause café au bureau se transformait en pause caté). J’ai réalisé l’urgence et l’importance de faire parvenir cette merveilleuse nouvelle à tous et j’ai pris conscience à quel point la société était loin de cette réalité salutaire.
Durant les trois années qui ont suivi, je m’accrochais tant bien que mal ‘fidèlement’ à la prière et aux sacrements, je réfléchissais sur le sens du travail et m’appliquais à trouver un équilibre entre mes activités professionnelles, mes occupations sociales et le temps consacré à Dieu. A la suite de cette période j’ai eu le choix entre plusieurs propositions professionnelles très intéressantes (internes et externes) et l’entreprise a accepté de me financer un bilan de compétences qui a confirmé mon désir de trouver plus de sens direct à la finalité de mon travail. Porté par cet accompagnement, et d’une retraite de discernement selon les exercices de Saint Ignace, j’ai pris la décision de changer de carrière et rejoindre une ONG multinationale (association à but non lucratif) en tant que délégué pour la région du Proche Orient. (La mission de l’association étant le développement socio-économique des populations défavorisées dans les pays émergents). Malgré ces années d’intense et riche expérience (management, politique, négociations, RH, développement, recherche de fonds), quelque chose en moi restait insatisfait et j’aspirais, au plus profond de mon être, à une activité encore plus féconde.
Bien que certain du besoin et des bienfaits du développement socio-économique je restais convaincu que le premier manque des bénéficiaires, et de tout homme en général, était de réaliser à quel point chacun était aimé et chéri par son père céleste et la joie de le rencontrer. Cela a rejoint mon désir d’évangélisation qui restait insatisfait et m’a rappelé la mission initiale que j’avais reçu de la part du Christ le jour de ma conversion : ‘dorénavant c’est Moi qui t’apprendrai à parler de Moi’! Après cela, et pour mieux comprendre dans quelle direction avancer et pour discerner avec l’Église ma vocation et ma mission, j’ai décidé de résilier mon contrat avec l’association et suivre une année de discernement proposée par la Communauté de l’Emmanuel à la maison Saint Joseph à Namur, en Belgique.
Témoignage initialement publié dans le journal L’1visible
Superbe témoignage d’un homme résolu à prendre sa vie en main et la mener à son accomplissement.