Les 23 tentations de Rodolphe Tissot (*)
Nous approchons de l’heure fatidique tant attendue : la fin de la série Ainsi soient-ils, avec sa 3e et dernière saison. Il est donc plus que temps pour nous, dans une perspective purement eschatologique, de vous révéler (apocalypse = révélation en grec) les 23 tentations de Rodolphe Tissot. Accrochez vos ceintures ! (On a essayé d’être drôle, mais c’est pas sûr, hein).
1. Avoir commencé à pondre son scénario un matin où il avait mal dormi après une nuit de pleine lune agitée, et s’étant pris, au réveil, les pieds dans sa peau d’ours étendue devant son lit, avant de glisser subrepticement dans sa douche… aie aie aie, ça commençait pas très bien ! On sait, d’après son profil Twitter, qu’il « aime les adolescentes masochistes » (suite à son film La tueuse), mais quand-même !
2. S’en être remis à de (trop) nombreux scénaristes – quitte à donner un air décousu à l’ensemble de son immense fresque télévisuelle (quand-même 24 épisodes) : certains étant finalement moins anticléricaux que d’autres, ils sont allés jusqu’à discuter par e-mail avec les créateurs du site Ainsisoientils.com ! (= « c’est une honte d’avoir fait ça, bande de vieux traîtres, vous avez osé, pdbdm ! » – en tout cas c’est ce qu’on a cru entendre de loin…)
3. Laisser dire en point presse que certains ont « hacké » le nom de la série (sic, bobard d’or de l’année 2015), sous-entendant ainsi que nous appartenons soit au Parti Pirate, soit aux Anonymous, ce qui est vrai ni pour l’un, ni pour l’autre, et nous n’avons pas de liens non plus avec Wikileaks, ni encore moins avec Julian Assange ou Edward Snowden, ce dernier n’étant pas le créateur de ce site, même si ça y ressemble niveau secrets de tournage révélés dans notre rubrique dédiée !
4. Laisser écrire sans sourciller qu’Ainsi soient-ils est « la Bible des séries », un « miracle cathodique », une « divine » surprise, le « maillon fort » des séries françaises, la « crème de la crème », la « roue de l’infortune », une série forcément « culte », un repoussoir, une clef à molette, un marteau et une faucille, un sabre laser. (La plupart de ce qui vient d’être dit n’est pas tout à fait exact).
5. Avoir trop mangé de fromage Chaussée au moines (conséquences néfastes pour la digestion, mais bon il faut parfois en faire la triste expérience, hélas…) et surtout, mais alors surtout, avoir voulu le traduire à l’écran. Parce que là, franchement, on se demande si on n’est pas plutôt dans un reportage animalier sur le gaz de Chine avec les 中文 du Père Fromenger. Et ça se ressent dans les affiches de la série !..
6. Avoir cru que l’Eglise était un parti politique. (On lui conseille vivement de courir ventre à terre s’abonner d’urgence à une revue catho comme La Vie ou Famille chrétienne, histoire de se faire une idée réelle de notre diversité, cf aussi par exemple les débats avec Koz toujours ou d’autres blogueurs ayant pignon sur web !).
7. Ne pas avoir imaginé une seule seconde qu’une bande de jeunes un peu frappa dingues (surtout de l’amour de Jésus) prendraient au pied levé (le bon) l’occasion de sa série pour annoncer l’amour fou miséricordieux de Dieu au monde entier ! (Au moins, ni plus, ni moins, voilà, quoi).
8. Ne pas avoir tiré la leçon d’une précédente série qui s’appelait Inquisitio et dont le réalisateur a tout de même fini -fait assez rare pour le souligner- par présenter courageusement ses excuses sur Radio Notre Dame, à cause de notre petite bande. Précision qu’il nous semble utile d’apporter : sans avoir eu besoin d’intimidations de notre part, cela va de soi (ce n’est pas notre genre). Chapeau bas Nicolas Cuche ! Et bilan : comme bonne résolution de la rentrée, s’abonner à Arrêts sur image, car nous y étions interviewés.
9. Errarum humanum est, perseverare diabolicum (est). Bon, l’erreur est humaine, certes, mais persévérer n’est pas très catholique ! Rodolphe Tissot aurait pu, à la fin de la saison 1, s’abstenir de repartir dans une saison 2, puis 3. Mais bon c’est vrai qu’au moins, là, comme ils disent, « on a tout dit ce qu’on voulait, la messe est dite » : ouf, enfin, c’est fini ! Vous avez été prolixes, les mecs, quand-même, hein !
10. Ne pas avoir pris au sérieux notre envie de dialoguer, une invitation exprimée de notre part dès le 12 octobre 2012, pour la saison 1, dans un article de Direct matin. Mais bon c’est vrai qu’il faut être un peu direct le matin quand-même.
11. Mais que Diable allait-il faire dans cette galère ? (Molière, les fourberies de Scapin, acte III verset 18).
12. Nous avoir bloqué sur Tweeter. Alors là, comme tentation, il ne pouvait pas succomber à pire ! C’est vrai, quoi, du coup il ne va pas pouvoir lire tout ce qu’on tweete (à une cadence presque infernale) sur sa série ! C’est vraiment dommage !
13. Là, on ne dit rien, parce qu’il est peut-être super sticieux et après tout, c’est son droit le plus scrict.
14. Ne pas s’être profondément marré en regardant notre Tumblr. On s’est pourtant drôlement bien cassé les pieds à trouver des images débiles avec des légendes toutes aussi les plus débiles les unes que les autres, mais c’est un défoulloir, ok ? (Zut, comme ça s’écrit, les gars, défouloir ?). Bon, je corrigerai plus tard, ok, ok, finis ton épisode.
15. S’être déguisé en anachorète hypocondriaque de seconde catégorie pour aller faire un repérage au séminaire d’Issy-les-Moules-là-bas-les-frittes (jargon de séminariste balloté entre Paris et Bruxelles) : parce qu’avec sa tenue de pingouin de Manchourie orientale délavée, il s’est fait repérer direct, dès le matin ! Pas très malin (ça rime).
16. Avoir pris des statues pour des lanternes dans la saison 1, résultat, 3 points de suture (d’après nos informations, si elle sont inexactes).
17. Avoir accroché un crucifix dans chaque pièce ou presque, mention spéciale à la bougie toujours allumée comme celle du bureau de l’évêque qui cache les crimes de pédophilie, en saison 3, en espérant qu’ils l’ont quand-même éteinte depuis parce que ce serait idiot de mettre le feu, quand-même. On leur dit ?
18. Penser que les religieuses sont tellement nunuches qu’on se croirait dans Santa Barbara quand Kevin plaque sa copine, notamment à la mort du pape. Ok, là, c’est pas drôle. Vraiment. Non mais c’est vrai, quoi, mettez vous à sa place ! De qui ? Ok, je sors.
19. D’avoir pu imaginer une seule seconde qu’on avait pas Internet à la maison et qu’on irait pas farfouiller dans les entrailles du web pour découvrir par exemple qu’en Allemagne, une des affiches de la série montre un prêtre juché sur les lettres d’Arte, avec plein de pommes par terre et un magnifique serpent autour du cou (voir photo en haut de cet article) : hé les mecs, c’est pas un peu ri-di-cu-le, là, sans déconner, vous allez voulu nous faire peur ou quoi ?
20. D’avoir fait un deal avec Costa Gavras, lors d’une soirée un peu trop arrosée : Costa garde désormais le silence sur Pie XII, tant dit que Rodolphe révèle tous les secrets des séminaristes. Marché conclu… sur un malentendu ! (ça n’a pas si bien marché).
21. De s’être cru dans une partie de poker (dont il est grand joueur) alors qu’il était à pile ou fac : pile on gagnait, face il perdait ! Dans tous les cas, échec et mate, Mr Tissot : les minorités créatives sont toujours les meilleures, à ce jeu-là. Et et un poker menteur, ça vous brancherait, sinon ? (Tant que c’est pas un strip-poker, on veut bien tenter le coup, même si c’est pas gagné…)
22. De ne pas avoir pris des actions chez Calor, tellement on a tous dû repasser entre (et pendant) les épisodes. (Explications ici, pour ceux qui ne pigent pas cette blague débile sauf que c’est pas vraiment une blague, en fait).
23. Croire à l’inversion de la courbe de l’audience en chute libre avec une série aussi truffée, tout au long de ses 3 saisons, d’allusions sexuelles, de regards furtifs et biaiseux (y compris vers les poitrines des religieuses) de sous-entendus glauques, de phrases qui se veulent envolées mais qui flirtent le plus souvent avec une pseudo spiritualité mystico-gélatineuse à faire pâlir d’envie un soixante-huitard s’étant fait emmurer vivant par inadvertance dans la sacristie d’une chapelle en pleine cambrousse de nos campagnes françaises où la messe n’est plus célébrée qu’une fois tous les 50 ans… bon, les gars, prochaine série vous nous consultez, ok ? Promis ?
Allez, sans rancune (ça va devenir notre signature, ça !).
(*) j’ai compté les pommes sur l’affiche, il y en a deux en trop mais elles sont vérolées, donc elles comptent pas.