Si les prêtres pouvaient se marier, n’y aurait-il pas plus de vocations ?

Abbe Pierre - Ainsisoientils

Dans Ainsi soient-ils, on voit un prêtre alcoolique, au fin fond des Alpes, qui vit seul et sans le soutien de son village. Une situation qui ne donne pas très envie de devenir prêtre. Si les prêtres avaient le droit se marier, n’y aurait-il pas plus de vocations au sacerdoce ?

Même si c’est compliqué à comprendre au premier abord, le Christ veut tout ou rien : il demande à ceux qu’il appelle de faire un choix radical de vie pour son service, pour délivrer les sacrements, bref être un autre Christ.

Le Christ a toujours parlé clairement à ses disciples des exigences que comportait le fait de se mettre à sa suite. Il a parlé d’un chemin étroit, de la nécessité de porter sa propre croix tous les jours, de renoncer à sa propre vie, de servir les autres, de mourir comme le grain de blé pour donner du fruit ensuite. Quand il a rencontré le jeune homme riche, en constatant les bonnes dispositions d’esprit de ce jeune, il n’a pas rabaissé les conditions sous prétexte de l’attirer vers lui. Au contraire, il lui a nettement dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi » (Evangile de Matthieu, chapitre 19, verset 21).Le jeune homme n’a pas accepté ces conditions. Il est parti triste, tête baissée, parce qu’il avait beaucoup de biens. À ce moment-là, le Christ ne lui a pas dit : « Ne t’inquiète pas ; nous pouvons arriver à un accord, il suffit que tu donnes la moitié et tu gardes l’autre moitié pour toi ». Il lui a demandé de faire un choix. Comme si l’importance du don de soi résidait aussi quelque part dans la radicalité de ce choix de vie.

Il ne faut pas oublier que la vocation est d’abord un don de Dieu. Ce n’est pas la communauté qui appelle. La vocation n’est pas non plus une pathologie psychique (contrairement à ce qu’on pourrait parfois penser en regardant Ainsi soient-ils!). C’est un appel de Dieu. Ceux qui ont reçu cet appel témoignent souvent de l’aspect « désarçonnant » de la vocation : Dieu entre dans la vie d’un jeune et change tous ses plans : carrière, mariage, projets… Une parole insistante revient sans cesse dans leur cœur « Viens et suis-moi ! ». Dans une perspective d’horizontalité, la vocation ne peut être perçue que comme une ineptie et le célibat ecclésial comme une pure répression. Mais dans une perspective de foi, tout prend son sens : l’appel, les exigences, la consécration… toutes ces choses ont de la valeur parce qu’elle permettent d’aimer Dieu plus intensément.

Dieu n’appelle pas – et ne peut pas appeler – un jeune à une demi-vocation, une vie sacerdotale au rabais. Un fait le montre avec évidence : ce sont précisément les congrégations et les séminaires qui présentent une marche à la suite du Christ impliquant un don total de soi-même, sans rabais d’aucune sorte, qui ont le plus de vocations. La vie sacerdotale ne doit donc pas avoir peur de se présenter telle qu’elle est : une façon d’assumer l’Évangile dans toute sa force, c’est-à-dire dans toute sa beauté. Il n’y a pas à avoir peur de présenter aux jeunes l’imitation du Christ pauvre, chaste et obéissant selon les modalités propres à chaque institut, sans vouloir faire d’accommodements avec l’esprit du monde. La prêtrise a toujours comporté une séparation du monde, une rupture avec les formes de vie séculières qui sont loin de s’accorder avec l’esprit de l’Évangile. On ne peut pas servir deux maîtres. Cette rupture est nécessaire même si elle n’est pas la finalité de la vie sacerdotale qui, comme nous le savons, est de vivre la charité parfaite envers Dieu et envers le prochain. C’est une réponse et un appel à aimer davantage, à aimer mieux que dans le monde, d’un amour plus pur, plus parfait, plus beau.

Source : Catholique.org

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